Ho voluto vedere la lingua
Cara Gioia,
nel momento in cui lei inizia la traduzione di L’espace furieux
mi permetta di immaginarla “sulla sponda italiana delle Alpi” e io
dall’altra parte, sulla sponda francese. Noi ci facciamo dei segni, da
una parte e dall’altra, come in uno specchio, ribaltati, insieme e
controcorrente: la traduzione non è uno scambio ma una danza di fronte,
in risposta, come quella dell’attore. Adesso lei comincerà a
camminare fra le lingue, sulle acque, in questo “paese del fra le
lingue” che è il territorio poetico stesso: una terra sconosciuta che
si apre, nella quale sarà certamente portata a far qualche passo fuori
dall’italiano, come a volte io ho camminato fuori dal francese. In L’Espace furieux
la lingua si capovolge, appare al contrario; sorge, accelerata o
rallentata, in squilibrio, gira in volute; cade, si frammenta, si
innalza in spirale, si ritrova, si torce, varia, diventa altra, nel
movimento spirale della respirazione, nell’incrocio con lo spazio che
avviene attraverso la carne dell’attore. Quando davanti ai nostri
occhi l’attore recita qualcosa si scava, come un movimento di vuoto fra
le lingue, aria improvvisa, nascita di spazio fra le parole. La lingua
è vista in volume: in fuga, inseguita, cacciata, aprente. E’ allora che
ci appare, straniero e di fronte a noi, il nostro corpo più vicino che
è il linguaggio. La lingua è la nostra trama, la nostra tessitura, il
tessuto del nostro spirito. La lingua è la nostra carne mentale. Il
nostro sangue. E’ lei che, in scena, è improvvisamente visibile, vista
di fronte. In ogni vero teatro c’è questa logoscopia.. E un’esperienza
di uscita dal corpo umano. Traducendo lei si troverà, come lo ero io
scrivendo, nel punto di divisione e d’amore fra le parole, nella loro
lotta, nella loro sessualità, e non lontano da un mistero fisico dello
spirito. Esiste un luogo nel quale noi sentiamo apparire il vuoto, dove
sentiamo lo spazio combattere. Fra le lingue, si sente il respiro. Nel
lavoro, nel cammino da cieco della scrittura o nella vertigine della
traduzione, uno spazio si apre, un desiderio si scava, una sorgente
d’aria è aperta. Questo grande scavo delle lingue, questo incrocio, ci
apre gioiosamente, ci libera, noi che oggi siamo così vicini ad esser
tutti catturati nella stessa rete, chiusi in lingua planetaria unica,
catturati e confinati. L’Espace furieux è scritto in un
francese che scava lo spazio in più direzioni. Si apre sotterranei,
tunnel, passaggi non visti, scorciatoie dimenticate. Il lettore,
l’attore non possono incontrarsi, percorrono sentieri incompatibili,
seguono gallerie opposte dove bisogna passare al contrario e in un
respiro. Si procede in scavo antagonista dello spirito, in lotta
aperta. E’ un lavoro di sterro. Scavare la lingua che è la nostra
terra; scavare la nostra lingua, portare alla luce il sotterraneo
mentale. Ripenso ai miei antenati scavatori, muratori ma soprattutto
scavatori, che all’inizio del secolo lasciarono il Piemonte, la
Valsesia, e passarono la frontiera con una livella e un filo a piombo,
per costruire, e quindi prima scavare, dall’altra parte delle Alpi, in
Savoia. Voglio vedere la lingua; la moltiplico per farla apparire,
vederla veramente, nella sua spirale respirata, nella sua danza
girante, per assistere alla sua passione. Attraverso lo strumento del
teatro, raggiungere la visione della parola; attraverso lo strumento
del teatro, catturare la parola con gli occhi, vedere il pensiero.
Vedere da molto vicino la nostra morte e la nostra rinascita attraverso
le parole: la nostra morte attraverso le parole e la nostra rinascita
attraverso la parola. Adesso la lingua non è più qualcosa che ci lega,
che è fra noi, ma qualche cosa che è davanti a noi come un teatro di
forza, come un campo magnetico. La lingua non ha niente di umano. E’
una antimateria luminosa. Una tensione dello spazio che lo mantiene
ancora apparendo davanti a noi. Tutto accade nell’attore, nella sua
bocca, dove il teatro nasce e muore. Questo movimento di nascita-morte
è tutta la forza paradossale del teatro, il suo potere di
capovolgimento. Tutto quello che è parlato scompare: il mondo sorge
parlato. La bocca è come la fossa e l’orifizio e l’origine del
pensiero: l’orifizio mangiante e parlante è sempre lo stesso. Il nostro
pensiero mangia e respira. Capovolge. La scena del teatro, come il
libro, è il luogo di una manducazione. Persino di un morso.
Parigi, 14 febbraio 1996
VERSIONE ORIGINALE
Chère Gioia,
Au moment où vous commencez la traduction de L'Espace furieux,
permettez-moi vous imaginer “sur la rive italienne des Alpes ” et moi
de l'autre côté, sur le rivage français. Nous nous faisons des signes,
de part et d'autre, en miroir, inversés, ensemble et à contre-courant :
la traduction n'est pas un échange mais une danse d'en face, en
réponse, comme celle de l'acteur. Vous allez marcher maintenant
entre les langues, sur les eaux, dans ce “ pays d' entre les langues ”
qui est le territoire poétique lui même : une terre inconnue qui
s'ouvre — où vous serez certainement amenée à faire quelques pas hors
de l'italien, comme j'ai marché parfois hors du français. Dans L'Espace
furieux, la langue se renverse, apparaît à l'envers ; elle surgit,
accélérée ou ralentie, en déséquilibre, tourne en volutes ; elle chute,
se morcelle, s'élève en spirale, se retrouve, se tord, varie, devient
autre, dans le mouvement spiral de la respiration, dans le croisement à
l'espace qui a lieu par la chair de l'acteur. Lorsque devant nos
yeux l'acteur joue, quelque chose se creuse, qui est comme un mouvement
de vide entre les langues, de l'air soudain, de la naissance d'espace
entre les mots. La langue est vue en volume — en fugue, en fuite,
poursuivie, en vrille, chassée, ouvrante. Nous apparaît alors, étrange
et devant nous, notre corps le plus proche qui est le langage. La
langue est notre texture, notre tessiture, le tissu de notre esprit.
Notre chair mentale, c'est la langue. Notre sang. C'est elle qui, sur
scène, est tout d'un coup visible, vue d' en face. Dans tout vrai
théâtre, il y a cette logoscopie . Et une expérience de sortie du corps
humain. Traduisant, vous vous trouvez — comme je l' étais en
écrivant — au point de division et d'amour entre les mots, dans leur
combat, leur sexualité, et pas loin d'un mystère physique de l'esprit .
Il y a un lieu où nous écoutons apparaître le vide, où nous entendons
l'espace venir battre. Entre les langues, s'entend le souffle. Dans le
travail — dans la progression en aveugle de l' écriture ou dans le
vertige de la traduction — un espace s'ouvre, un désir se creuse, une
source d'air est ouverte. Ce grand creusement des langues, ce
croisement, nous ouvre joyeusement, nous libère, nous qui sommes à deux
doigts aujourd'hui, d'être tous pris dans le même filet, enfermés en
langue planétaire unique, mis en boucle et capturés. L'Espace furieux
est écrit en français qui creuse l'espace en plusieurs sens. Il s'ouvre
des souterrains, des tunnels, des passages non-vus, des raccourcis
oubliés. Le lecteur, l'acteur vont dans un écartèlement, marchent
par des chemins incompatibles, suivent des galeries opposées où il faut
passer à l'envers et d'un souffle. On progresse en creusement
antagoniste de l'esprit, en lutte ouverte. C'est un travail de
terrassement. Creuser la langue qui est notre terre ; creuser notre
langue, mettre à jour le souterrain mental. Je me souviens de mes
ancêtres creuseurs, maçons mais surtout creuseurs, qui quittèrent au
début du siècle le Piémont, la Valsésia, et passèrent la frontière avec
un niveau et un fil à plomb, pour construire c'est à dire d'abord
creuser, de l'autre côté des Alpes, en Savoie. Je désire voir la
langue ; je la multiplie pour la faire apparaître [ var : je désire
voir la parole, je multiplie les lageus pour la faire apparaitre ] — la
voir vraiment, dans sa spirale respirée, dans sa danse tournante —
assister à sa passion. Par l'outil du théâtre, atteindre la vue de la
parole ; par l'outil du théâtre, saisir la parole des yeux, voir la
pensée. Voir de très près notre mort et notre renaissance par les mots
— notre mort par les mots et notre renaissance par la parole. La langue
ici n'est plus quelque chose qui nous relie, qui est entre nous, mais
quelque chose qui est devant nous comme un théâtre de force, comme un
champ magnétique. La langue n'a rien d'humain. C'est une antimatière
lumineuse. Une tension de l'espace qui le maintient [var: dans cet
instant pparaissant ]encore apparaissant devant nous. Tout se joue
dans la bouche de l'acteur, où le théâtre naît et périt. C'est ce
mouvement de naissance-périssement qui fait toute la force paradoxale
du théâtre, son pouvoir de renversement. Tout ce qui se parle disparaît
— le monde surgit parlé. La bouche est comme la fosse et l'orifice
et l'origine de la pensée : l'orifice mangeant et parlant est sans
cesse le même. Notre pensée mange et respire. Elle renverse. La scène
du théâtre, comme le livre, est le lieu d'une manducation. Même
morsure.
Paris, le 14 février 1996 |